Notre séjour se décompose en deux parties : une fidèle à notre niveau de vie et une en mode royal deluxe VIP plus plus avec Pierre, le père d’Hélène.
On est arrivé du Kirghizistan par l’Est et on retrouvait Pierre à l’ouest du pays pour revenir avec lui à Tashkent (plutôt à l’est). On a donc traversé deux fois le pays. On est arrivé à Andijan, et notre itinéraire a été le suivant : Andijan – Tashkent – Nukus – Muynak – Khiva (arrivée de Pierre) – Bukhara – échappée naturelle dans les montagnes – Samarcande – Ferghana – Tashkent.
On a passé la frontière et, après une pause déjeuner à Andijan, rejoint Tashkent dans la foulée. On a pris un taxi collectif de 8h à travers toute la vallée de Ferghana, la route était belle mais longue. Le taxi nous a largué vers 20h30 à une station service déserte en périphérie de la capitale, heureusement en nous servant de nos talents d’acteurs et en jouant notre plus beau désespoir il a attendu avec nous le deuxième taxi pour le centre ville.
TASHKENT
La ville est immense, post soviétique, avec de bonnes avenues gigantesques pour charger en tank… mais en meilleur état qu’Osh. Notre première demi journée a consisté à trouver un moyen de se procurer la monnaie locale. On pensait naïvement pouvoir échanger nos soms kirghizes mais aucune banque ne les prend, et on les a presque toutes essayées : de la petite banque locale à la banque centrale… On a presque réussi au marché noir, mais le taux était scandaleusement bas, on a préféré attendre de repasser dans la vallée de Ferghana qui est frontalière du Kirgizistan. On a fini par retirer des dollars pour les changer en sums ouzbèques car on ne peut pas tirer directement les sums en question, ce serait trop simple. Bref, tout ça nous a pris la matinée. Deuxième épreuve de la journée : réserver le train de nuit pour Nukus. Les guichets de la gare sont pires qu’en Chine car les habitudes sont les mêmes mais il n’y a pas de barrières pour contenir les gens. On arrive donc à la gare et devant chaque guichet il y a une masse de gens qui essayent tous de se doubler. En prenant notre mal en patience (2h quand même) notre tour a fini par arriver et on a pu prendre nos billets.
On visite Tashkent tranquillement, le marché est assez impressionnant, très vivant et coloré. Trois lignes de métro un peu vieilles mais avec de beaux décors art déco permettent de parcourir la ville. On a bien pris une photo mais les stations font office d’abris antiatomiques donc les photos sont interdites, le policier de service nous a tout fait supprimer. On a aussi visité le complexe Imam Khazrati, assez neuf mais beau quand même et qui augurait des prochaines constructions qu’on allait rencontrer à savoir : briques ocres et coupoles bleues. La capitale n’ayant qu’un intérêt limité on s’est aussi pas mal reposé.
On s’embarque alors pour notre train de nuit de 17h pour Nukus. Le trajet est très folklorique : les Ouzbèques font des allers-retours entre leurs sièges et le distributeur d’eau chaude en tenant leurs jolies petites théières en porcelaine. Les trains sont dans leurs jus et on se croirait presque dans un film soviétique s’il n’y avait pas des vendeurs ambulants qui vendent… et bien de tout en fait : bijoux en toc, vêtements Naike ou Adodas, nourriture, tout y passe.
NUKUS -MUYNAK
A Nukus, pas grand-chose à voir ou à faire à vrai dire, on s’organise donc pour notre excursion vers un ancien port de la mer d’Aral et notre transfert pour Khiva. Pour aller à Muynak, la seule route est dans un état assez lamentable donc on ne profite pas vraiment du trajet, d’autant plus que le paysage est très monotone. Une fois sur place, et bien pas de mer d’Aral, on s’y attendait car la flaque d’eau qui résiste tant bien que mal à l’assèchement est aujourd’hui à plus de 100km de Muynak, qui était il y a encore 40 ans un port relativement important. Ne subsistent donc que quelques carcasses de bateaux de pêche qui rouillent tranquillement au soleil et servent d’abris aux dromadaires sauvages des environs. Le décor est conforme à ce qu’on espérait : la mer a fait place au désert, et les bateaux délabrés s’échouent sur les dunes faute de braver les vagues. Ce qui nous étonne c’est le désert, loin de l’étendue de sable sans fin à laquelle on s’attendait : la verdure a une place bien présente dans le paysage qui s’étend à nos pieds. Certes ce sont majoritairement des buissons épineux mais d’étendues de sable immaculés, niet. Des posters autour du port expliquent et illustrent les « bienfaits » de la monoculture du coton à grand renfort de photos satellites déprimantes. En 50 ans l’ancien 4e plus grand lac salé au monde a perdu 90% de son volume, ça fait réfléchir. On s’envole ensuite vers Khiva dans notre bonne vieille voiture russe pour une fin de journée bien reposante sur des routes aléatoires.
KHIVA
Ah, Khiva, sa vielle ville, ses remparts, ses murs en terre ocre, on se croirait dans les 1001 nuits. On flâne, on bulle, on déambule, cette ancienne cité fortifiée, désormais piétonne, est un vrai havre de paix et c’est là que Pierre nous rejoint. Retrouvaille, resto, c’est une amélioration générale de notre qualité de vie qui s’opère et qui n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire (merci Pierre. C’est pour les rimes en « aire ») Comme un nouveau photographe se rajoute à notre équipe pourtant déjà bien pourvue, les pauses photos en pâtissent de manière exponentielle : heureusement qu’il fait beau et que les bâtiments valent le coup. Comble du luxe, pour nous en tout cas, un guide nous promène et répond à toutes nos questions que ce soit sur l’architecture ou les us et coutumes, ça nous change du manque de répondant du routard. Comme le centre historique est assez petit, tout est faisable à pied et on profite de toutes les petites merveilles locales. Au menu, des medersas (universités locale) sublimes, des palais d’été aux murs tapis de majoliques bleues finement détaillées, une ancienne mosquée avec sa forêt de pilier en bois au charme discret. Et dans les assiettes ? Beaucoup de brochettes, plutôt bonnes d’ailleurs et du plov: riz pilaf à la carotte et au bœuf qui mérite le badge « étouffe chrétien, et les autres aussi ». C’est assez goûtu.
BOUKHARA
On quitte notre guide pour un petit trajet vers Boukhara. Au passage on s’arrête admirer l’Amoudaria, un des deux fleuves principaux du pays, riche en légendes et qui permet surtout de vivre dans ce milieu aride. Mais pas trop de photo hein, de l’autre côté de la rive c’est le Turkménistan, et c’est pas des rigolos. Bref, on arrive dans cette nouvelle ville, on en profite pour se reposer et visiter par nous même avant l’arrivée de notre deuxième guide, Nassim. C’est lui qui va nous conduire et nous guider pendant la plus grande partie de notre séjour. Plutôt nonchalant au premier abord, sa maitrise parfaite du français et de l’histoire de son pays ont rendu le voyage extrêmement intéressant, agréable et drôle. Boukhara est plus restaurée et donc plus « proprette » que Khiva mais la dimension et la qualité des réalisations sont clairement d’un niveau au dessus. Si on a perdu en intimité on a gagné en grandeur. Et bien que la typologie ainsi que l’esthétique ne changent pas – à savoir medersa, mosquée, caravansérails construits en briques ocres avec décorations en émaux bleus – on n’arrive pas à se lasser. Et puis maintenant on a les origines et les anecdotes donc on est ravis.
HAYAT
L’artisanat est très présent dans la culture ouzbèque. Sur la route d’Hayat on visite donc une fabrique de céramiques traditionnelles. Le procédé est très intéressant, principalement parce que tout est naturel et fait maison y compris la fabrication de l’émail à partir de combustions successives d’une plante du désert. En revanche le résultat ne nous émeut pas plus que ça, les dessins ne sont pas très précis et les couleurs franchement moyennes, au moins un truc qui n’encombrera pas nos valises (enfin celle de Pierre surtout!).
Hayat c’est la nuit en yourte dans le désert. Pas de chance pour nous, le vent s’est levé et le sable avec, pour la nuit étoilée on repassera. Pour la nuit en yourte aussi d’ailleurs : d’aucun que nous ne nommerons pas n’appréciant que peu les courants d’air et la poussière décideront de dormir dans la voiture. Les yourtes ne seraient soit disant pas hermétiques… Nous on a bien dormis même si on s’est effectivement réveillé avec le visage un peu ensablé.
Deuxième étape : les montagnes Nouratines au sud du lac Aydar Kul. Ici point d’architecture grandiose mais un automne qui pare les arbres de couleurs flamboyantes, marche dans les montagnes et observation de bouquetins, repos.
SAMARCANDE
Samarcande est la deuxième ville du pays, c’est un mélange entre Tachkent et Boukhara. La majeure partie de la ville s’apparente à la capitale par son architecture soviétique dans laquelle il ne fait pas forcément bon déambuler. A l’inverse les points d’intérêt historiques sont pour le coup grandioses. La place du Régistan, le mausolée de Tamerlan ou la nécropole de Chakrisabz n’en finissent pas de nous émerveiller. Là c’est Hélène qui rédige, Corentin aurait surement écrit « Hélène et Pierre n’en finissent pas de prendre des photos, j’en peux plus, aidez moi ».
On a profité de Samarcande pour faire un saut à la ville natale de Tamerlan. Si la question se pose un jour pour vous, n’hésitez pas : ça ne vaut pas vraiment le coup. Le seul réel intérêt de cette ville est d’evaluer la dimension de ce qu’il reste de la porte qui marquait l’entrée dans la forteresse, encore un dictateur « sobre ». Après Khiva, Boukhara et Samarcande, il est difficile de faire mieux, et justement c’est loin d’être « mieux ». En gros quand en 1924 les russes ont découpé l’Asie centrale, faite de Khanat et de royaumes, en pays administrativement distincts, il a fallu leur créer à chacun une identité propre, une histoire, une langue… Tamerlan était un chef de guerre du XIVe et dans son genre il était plutôt performant (17 millions de morts tout de même). Comme il était de la région, les russes s’en sont servis pour l’ériger au rang de héros national. Maintenant il est cuisiné à toutes les sauces, sa ville natale fait donc partie des visites, mais on aurait pu s’en passer.
KOKAND ET LA VALLEE DE FERGHANA
Dernière étape du voyage, la vallée de Ferghana est très réputée. Outre les beaux paysages que l’on a principalement traversés en train, on y a visité une fabrique de soie. Les détails de fabrication sont vraiment intéressants et les gestes secs et précis des tisseuses sont très impressionnants. En voyant le nombre d’étapes et la minutie que cela demande on comprend le prix des pièces. Une dernière étape chaleureuse marquée par le sourire des ouvrières qui nous ont accueilli à bras ouverts.
TASHKENT
Retour, séparation avec Pierre et attente de notre avion pour L’Inde en passant par le Kazakhstan (logique).
on est venus du Kirghizistan – On s’envole vers l’Inde