On vous avait laissés dans le bus de nuit en partance pour la frontière mongole, nous voici à Erlian, dernière ville chinoise avant la Mongolie, il est 8h on a la journée pour traverser la frontière et trouver notre transport pour Oulaanbaator. On part prendre un petit déjeuner en compagnie de Benjamin et Salomée : nos derniers raviolis chinois, parce qu’on nous a prévenus, si la Mongolie est souvent le pays préféré des voyageurs, sa nourriture est la pire de toutes !

La frontière ne peut pas se traverser à pieds, les autorités exigent que l’on soit dans un véhicule. On trouve donc, non sans mal, un bus qui nous permet de nous rendre de l’autre côté. On sort de Chine, on entre en Mongolie et là pas de bus, le contrôle de nos passeports a pris un peu de temps et le bus par lequel on est arrivé est reparti sans nous! On essaye de partir à pieds mais on se fait vite rattraper par un militaire mongol qui nous rappelle que le no man’s land jusqu’à la prochaine ville ne peut, comme son nom l’indique, pas être franchi à pieds. On lui fait part de notre situation absurde et on insiste sur le fait qu’on ne veut pas payer de deuxième moyen de transport, et après quelques larmoiements il négocie à notre plus grande surprise un taxi gratuit jusqu’à la ville. On est enfin en Mongolie, à Zamiin Uud, à la recherche d’un transport pour Oulaanbaator. Assaillis par une armée de chauffeurs de taxis trop chers qui refusent de nous dire où se prend le bus,  on finit par trouver le bureau qui vend les billets, dans une sorte de cagibi, au sous sol du bâtiment des douanes. Un peu dubitatifs on s’assure à grand renforts de dessins (google trad n’a pas le Mongol) que ce sont bien des billets de bus pour la capitale, mais il semble qu’on est au bon endroit et on s’embarque pour notre deuxième bus de nuit.

Pas d’itinéraire vraiment précis, comme a carte le montre on a fait une grande boucle de 21 jours au départ d’Oulaan Baator

[Les photos sont là]

Oulaanbaator

A Oulaanbaator il fait beau et pas trop chaud, on récupère, on se promène et on organise notre voyage pour les 3 semaines à venir. Benjamin et Salomé sont partants pour voyager avec nous et on réserve auprès de notre auberge 21 jours à travers les steppes de Mongolie, le but étant d’aller jusqu’aux montagnes de l’Altaï à la frontière du Kazakhstan et de revenir par le sud du pays et le désert de Gobi. On embarque un beau matin dans notre van russe conduit par Urna à l’attaque des grands espaces.

Le nord – Les lacs

On commence notre boucle par le nord, si chaque jours se compose de 7 à 9 h de route, la beauté des paysages compense un peu le temps passé dans le van. Au nord ce sont les grandes plaines vertes peuplées de troupeaux et les lacs bordés de gers (yourte en mongole) représentent assez bien l’image que l’on peut avoir de la Mongolie. On plante la tente chaque nuit au bord d’un lac différent, il fait un peu froid mais on est équipé en conséquence et après le tumulte de Pekin, on apprécie les grands espaces. Ce qu’on apprécie un peu moins c’est le caractère aléatoire de la météo et du réseau routier mongol… Une fois sortis d’Oulaanbaator, les routes asphaltées se font rares et les pistes sont très chaotiques, d’autant plus que la conduite mongole n’est pas des plus détendues. On brinquebale donc doucement et pas spécialement sûrement à travers les paysages de montagnes et de plaines.

On met 5 jours pour arriver à Olgii, la deuxième ville du pays, qui est située à l’ouest aux portes de l’Altaï. Pour s’aventurer dans cette chaîne de montagne il faut un permis et justifier d’un guide. En effet beaucoup de touristes (surtout français à ce qu’on nous a dit) partaient randonner dans les montagnes et passaient sans s’en rendre compte en Chine, au Kazakhstan ou en Russie : certains continuaient d’ailleurs leur route dans ces pays-là ce qui a fini par poser problème. On a le guide, on se procure le permis et on part dans les montagnes.

L’Altaï

 Changement de paysage mais la beauté est toujours au rendez-vous, on évolue maintenant dans de hautes montagnes, parfois enneigées, la végétation est rase, les couleurs vont du jaune au marron et tranchent avec le bleu du ciel. On croise nos premiers chameaux sauvages au détour d’une plaine, et on établit le camp face à une imposante montagne rouge au pied de laquelle broutent des yacks et des chèvres. Au programme du lendemain un balade à cheval dans les montagnes, il fait grand beau et on monte doucement vers un col, on croise beaucoup de marmottes de la taille de petits chiens, bien touffues et grasses (rapport au chocolat Milka probbalement), des aigles et des chevaux, la promenade est agréable. Tout se gâte quand le cheval d’Hélène, à une centaine de mètres de l’arrivée, refuse d’avancer. Rien n’y fait et la grande expérience équestre d’Hélène couplée à sa patience légendaire finissent de braquer le canasson. Qu’à cela ne tienne, elle plante sa monture et part fièrement finir à pieds, non sans avoir atterri préalablement les deux pieds dans la vase du ruisseau au bord duquel sa tête de mule s’était arrêtée.  Malgré cette mésaventure, le col offre un panorama à 360° sur la chaine de montagne et  vaut vraiment la balade (les pieds trempés en option pour certains). Pour le retour, Hélène décrète que la place des chevaux est dans les assiettes et finit à pied/moto pendant que les autres cavaliers s’en donnent à cœur joie en galopant à tout va.

Le sud – Le désert

Pendant les  4 jours suivants on traverse le désert et rien ne ressemble plus à une plaine désertique qu’une autre plaine désertique. La végétation est rase, les montagnes lointaines, la chaleur emplit le van. On croise pas mal de troupeaux de chameaux et on a la chance d’apercevoir des sortes de petites gazelles du désert qui détalent à notre approche. Deux événements majeurs viennent égayer notre traversée du désert: un arrêt sensationnel dans une bourgade de 13 habitants dont le nom nous échappe mais qui se situe à quelques centaines de mètres d’une des sept merveilles de Mongolie (dixit le guide), j’ai nommé la grotte … dont le nom nous échappe aussi. On descend donc dans cette grotte pour y trouver, tenez vous bien, on est au comble du suspense… une peinture rupestre de … kangourous. Voilà, on vous épargne les regards échangés entre nous mais après un passage au musée (une cabane serait une meilleure description) du village, on a pu voir qu’une équipe d’archéologues suisses est venue attester de l’authenticité de la peinture du marsupial. Autre fait incroyable de cette grotte, et sûrement la véritable raison de sa position dans le top des merveilles mongoles, l’entrée qui, quand on est bien au fond et qu’on penche la tête sur la gauche, a la forme exacte du… « like » de Facebook…  roulement de tambours, salve d’applaudissements, heureusement qu’on est passé par là. Deuxième arrêt moins maîtrisé:  un lééééééééééger accident de van vient rompre la monotonie de ces quelques jours. Comme on l’a précisé plus haut, les mongols conduisent leur véhicules comme si c’était des chevaux, ce qui explique peut être le fait qu’on s’est pris un trou dans la route, la faute au van qui n’a pas voulu sauter l’obstacle bien qu’à pleine vitesse.

Une grosse frayeur et quelques contusions plus tard, on se retrouve littéralement planté au milieu de nulle part avec la nuit qui approche. Benjamin et le chauffeur partent donc à pied voir les yourtes qu’on aperçoit au loin pour chercher de l’aide car notre piste n’est pas exactement le périph en heure de pointe. Ils mettent facilement 2h à trouver une yourte qui n’est pas vide et reviennent avec quatre bergers qui rigolent bien en voyant la tronche que tire notre van. Après deux trois essais et l’appel en renfort d’un 4×4, le van sort de son trou avec une légère scoliose : comprendre par là que le train avant et la carcasse se sont brouillés et partent chacun de leur côté. Mais « no problem » annonce Urna : « tomorrow 6 o’clock, let’s go ». On se regarde un peu dubitatifs quand même mais on monte le camp à côté du lieu du crash et on passe le temps à grand renfort de vodka. Et bien oui, tomorow 6 o’clock let’s go, Urna  a travaillé toute la nuit et a réussi à réconcilier train avant et carcasse, on part donc impressionné mais pas rassuré.

Remis de nos émotions, on arrive dans les temps pour notre escale suivante : les dunes de sable de Gobi: Khongoryn Els. La balade dans les dunes  en chameau sera moins sauvage que celle à cheval, on a bien essayé de faire galoper ces usines à gaz (au sens premier du terme) mais sans succès. On a surtout admiré les incontournables coucher et lever de soleil sur les dunes et c’était pas mal…

En famille

Pour les trois derniers jours on a demandé à Urna de faire un pause longue dans une famille mongole, et justement sa famille est nomade et habite en ce moment sur la route d’Oulaanbaator. Après avoir planté les tentes pour la dernière fois les citadins aguerris que nous sommes s’initient à la vie de la ferme nomade. On apprend à rassembler puis traire les chèvres, à baratter le lait de jument fermenté, à ramasser des bouses sèches pour le feu, à dépecer une chèvre (enfin là on s’est limité à l’observation) et à jouer au shi-fu-mi local. On a savouré dans leur ensemble les qualités gustatives inexistantes de la chèvre : soupe de nouilles à la chèvre, raviolis à la chèvre, foie de chèvre bouilli, et des sortes de saucisses de boyaux de chèvre (type andouillette mais beaucoup beaucoup moins fin) le tout arrosé de lait de jument fermenté (au bout de 3 jours on s’habitue). Si ces journées ont été très riches grâce à l’accueil de la famille, nos estomacs étaient bien contents de reprendre la route.

Vers Pékin

De retour à Oulaanbaator, on s’est reposés quelques jours avant de refaire route vers Pékin, mais cette fois ci par le train en empruntant une portion du transmongole, branche du fameux transsibérien. Voyage reposant, comparé aux 3 semaines de piste, si ce n’est que le passage de frontière impose au train de changer ses essieux! Il se trouve que la Chine et la Russie n’ont pas les mêmes largeurs de rails, et la Mongolie coincée au milieu a choisi les rails Russes. Il nous faut donc changer les essieux de tout le train avant de nous engager sur le réseau chinois. L’opération est rodée : les wagons sont verrouillés (avec nous dedans) et séparés, les essieux sont détachés, chaque wagon surélevé, on voit nos roues partir puis les nouvelles arriver , enfin le train est réassemblé. Le procédé dure  tout de même 6 heures , c’est un peu long si l’on considère que la période, bruyante et mouvementée, s’étend de 20h à 2h et que les toilettes sont condamnées pendant les 6h (c’est mieux pour les ouvriers qui travaillent en dessous paraît-il…).

 

Arrivés en bus depuis Pékin – Retour en train vers la Chine