De retour à Pékin au petit matin, on ne s’attarde pas et on enchaine directement pour le train de nuit en direction de Xi’an. C’est la première ville de notre périple chinois : la route de la soie en train.

Notre parcours en train au départ de Pékin passe par les villes suivantes : Xi’an, Tianshui, Xiahe, Dunhuang, Jiayuguan, Turfan, Urumqi et enfin Kashgar.

[L’ensemble des photos]

Xi’an

La ville de Xi’an est considérée comme la première étape chinoise de la route de la soie, elle est composée d’un centre historique très vivant encerclé par des remparts et d’une banlieue interminable permettant de loger ses quelques 8 millions d’habitants… On a beaucoup aimé le centre historique animé, rempli de stands de rue servant nouilles, raviolis et brioches chinoises pour trois fois rien. Beaucoup de couleurs et d’activité dans un cadre d’architecture traditionnelle pas déplaisant. Si Xi’an attire beaucoup de touristes c’est aussi parce que la fameuse armée de terre cuite est à deux pas. On ne va pas vous le cacher, la dite armée nous a laissé un souvenir mitigé. Le prix du billet, la foule et la météo pourrie n’y sont pas pour rien mais au-delà de ça l’imaginaire qu’on a du lieu rend la réalité un peu décevante. Forte de 8000 soldats tous différents (oui monsieur), cette armée protège le tombeau du premier empereur de Chine. Ca promet du grandiose dit comme ça. Le site se divise en trois hangards de taille croissante. Le plus petit rassemble les généraux ainsi que les chars de guerre de l’empereur. Le nombre est réduit mais ils sont plus richement décorés que les autres d’après le guide. On rentre donc dans la deuxième salle pour en prendre plein les yeux et c’est un échec. Il faut savoir que sur les 8000 annoncés, seuls 1300 soldats sont visibles. Dans cette salle on peut donc admirer… des toits en bois, fossilisés, pour la plus part écroulés ainsi que des tas de soldats en morceaux. Une grosse déception qui est atténuée par la présence, autour du mausolée, de soldats (bien entiers ceux là) sous verre pour se rendre compte de la finesse et du caractère titanesque du travail. La troisième salle est finalement conforme à nos attentes. Cette fois ci le nombre de soldats en parfait état est vraiment impressionnant et on se rend compte de l’immensité… à quelques à côté près : quand il faut jouer des coudes et braver les armées de perches à selfie (pire que la Joconde au Louvre) pour apercevoir les messieux, l’enthousiasme retombe un peu.

Xiahe

Changement total de décor. Un train en retard. Un bus qu’on a failli rater. Nous voici dans les montagnes à Xiahe, une ville anciennement tibétaine. Elle ne fait pas partie de l’actuel Tibet occupé mais d’une région envahie avant. Il en découle une ville historique tibétaine à laquelle s’est adossée une bonne grosse ville, bien chinoise, elle. Il fait beau, l’air est pur, la ville historique est très jolie. L’enceinte de la ville est en fait un chemin de ronde composé de rouleaux de prière multicolores que les fidèles viennent faire tourner chaque jour.  On a rencontré des moines qui nous ont parlé du bouddhisme et des enseignements qu’ils suivaient. Ils nous ont appris à dire «  free Tibet  » en tibétain mais ne se sont pas trop étendu sur la question, répression oblige. On a aussi fait une visite guidée avec un autre moine dont la fermeture d’esprit nous a particulièrement choquée. La barbe de Corentin lui a fait penser aux musulmans et à partir de là, les blagues racistes n’ont cessées de pleuvoir ponctuées du rire nerveux de notre guide. Mitigée donc la visite guidée. Les raviolis de Yack nous ont aussi un peu fait peur quant à nos 3 semaines à venir au Népal… Mais globalement l’ambiance reposante et les rencontres souriantes ont fait de Xiahe une des villes chinoises qu’on a préféré.

Dunhuang

De retour sur la route de la soie, on arrive à Dunhuang. Petite péripétie dans l’histoire : nous sommes plus légers d’un couteau, celui de Corentin. Comme on vous l’avait dit pour Pékin l’entrée des gares est sécurisée par des rayons X et des portiques de sécurité. Pas de bol pour nous ils ont vu un des couteaux et nous allons justement dans une province où le gouvernement est en visite. On essaye la corde sensible du cadeau de valeur, sans succès. Deuxième pas de bol : une charmante citoyenne chinoise qui parle bien anglais, elle, décide de nous aider. Elle ne veut pas nous lâcher tant qu’on ne s’est pas débarrassé du couteau, chose qu’on n’est pas du tout disposé à faire. Elle nous accompagne à la poste, qui n’envoie pas les couteaux, au service d’envoi de la gare, qui ne les envoie pas non plus. On commence à sentir le serpent qui se mord la queue.  Avant de partir prendre son train elle nous remet dans les mains d’un deuxième charmant citoyen chinois qui ne nous lâche pas plus. Bref en discutant sur l’absurdité de la situation on réussi à faire envoyer le couteau à notre dernière ville, Kashgar, sans certitude de le retrouver un jour. On embarque un brin énervé dans notre train de nuit et on débarque de bon matin à Dunhuang (où il n’y a aucune trace du gouvernement).  Dunhuang était la dernière ville avant l’entrée des caravanes de la route de la soie dans le désert de Gobi. C’était une ville oasis et les voyageurs avaient pris d’assaut un flanc de montagne pour y creuser des temples afin de remettre leur voyage dans les mains de Bouddha.  Les grottes sont assez belles et la visite est intéressante même s’il est impossible de prendre en photo la fierté de la visite qui est le 2e plus grand bouddha du monde ( les curieux se satisferont d’une photo de l’extérieur…) Pour l’oasis par contre c’est une autre histoire : les photos laissaient présager une petite oasis toute mignonne avec pagode… Et il y avait effectivement une jolie pagode au bord d’une jolie mare dans le désert. Le problème c’est ce qu’il y avait autour : un complexe de loisirs aux activités variées : sandboard, tir à l’arc, ballade en chameau, quad, ULM… ajoutons qu’on ne peut pas circuler sur les dunes comme on veut  car il y a des barrières partout… déception.  On est une fois de plus un peu mitigés. On sent le potentiel culturel et historique et les sites sont malgré tout assez jolis mais on déplore les conséquences du tourisme de masse chinois.

Jiayuguan

On arrive à Jiayuguan après un train de seulement 4h, surement le plus court de notre périple chinois ! On n’a pas prévu de rester longtemps car le seul attrait de la ville est le dernier fort occidental de la muraille de chine et ça ne prend pas 3 jours d’en faire le tour, 1h suffit largement. On ne s’étend pas sur ce fort entièrement rénové, joli, mais envahi et une fois de plus hors de prix.

 

Turfan

Nouveau train de nuit, nouvelle ville. On commence à sentir la transition culturelle. Les panneaux sont écrits en chinois et en ouigour (langue écrite en arabe), les physiques changent, la nourriture aussi. Turfan est une ville où il fait bon ralentir, on a apprécié le musée des karez qui sont des anciens  caneaux d’irrigation souterrains qui démarrent au pied des montagnes et acheminent l’eau jusqu’à la ville.

 

Urumqi

Le trajet Turfan-Urumqi est très rapide, on a réservé tous nos trains grâce à une agence sur internet pour ne pas avoir à galérer dans les gares. Ce que notre interlocutrice a omis de nous dire c’est qu’il y a deux gares à Turfan et que celle dont on part est, en réalité, à 30 km de la ville. On ne s’est pas méfié, on s’est pointé comme des fleurs à notre gare d’arrivée à seulement 5 km de la ville. On ne nous laisse pas entrer dans la gare et on nous explique qu’il faut acheter un ticket… Incompréhension, discussion par traducteur téléphonique interposé, on finit par réussir à échanger, non sans frais, notre billet de train pour partir de la gare dans laquelle on est. Une fois de plus, on croyait pourtant avoir été prévoyants…  Capitale de la province du Xinjan, Urumqi est la grande ville chinoise de l’ouest. Elle est très cosmopolite : chinois, ouigours, tadjiks et kirghizes se rencontrent ici pour faire des affaires. La ville a peu d’intérêt mais petit bonus après 6mois de voyage : les galettes St Michel  dans le Carrefour au sous sol du grand bazar.

 

 

Kashgar

Notre dernier train chinois, le plus long aussi car il dure presque 24h, on part à 17h30 et on arrive à 17h20. On a cru que ça irait car après deux passages de contrôles sans problèmes on avait complètement relâché notre vigilance. On sort du bus : un contrôle pour accéder à l’enceinte de la gare, normal. On entre dans le bâtiment de la gare : deuxième contrôle, classique. A ce stade on ne se méfiait plus de rien.  C’était sans compter le troisième contrôle permettant d’accéder à la salle d’attente avant les quais. Extrait (pour une meilleure compréhension nous vous traduisons la conversation qui a eu lieu en anglo-chinois par traducteur Google) :

Voilà, on est assez proche de la réalité, ça a quand même duré une grosse ½ heure pour amadouer l’officière chinoise et lui prouver qu’il n’y avait pas de solution mais qu’on était digne de confiance (hahaha). Bref heureusement qu’on avait 2h d’avance.

Le voyage en train n’a pas paru si long, sur les couchettes on était assez bien installé, on a lu et profité du paysage désertique. On a longé pendant un certain temps des montagnes multicolores c’était très beau. Petit désagrément tout de même, depuis qu’on a quitté Xian on se fait de plus en plus dévisager, et c’est parfois difficilement supportable. Les wagons du trains sont composés d’un couloir le long des fenêtres et de lits sur 3 niveaux perpendiculaires à ce couloir. Dans le couloir il y a des strapontins pour ceux qui ont des couchettes en hauteur et veulent s’assoir. Donc Hélène lit les aventures de Sherlock Holmes allongée sur la couchette du bas, Corentin dort en haut. Elle remarque un passager qui s’est assis avec son ami pour discuter sur le strapontin juste en face. Ce monsieur n’arrête pas de la dévisager de façon insistante et lourde. Hélène se cache derrière son livre pour avoir la paix mais quand elle lève le nez il la regarde à chaque fois (elle est pourtant habillée comme un gros sac). En bonne cocotte minute Hélène bouillonne, bout et finit par exploser et hurler : «  C’EST FINI ! OUI ?  » et de balancer son livre sur le monsieur ahuri. Pas besoin de traduction, l’effet a été immédiat, seul dommage collatéral : Sherlock Holmes qui finira ses jours dans le désert le long des rails.

Nous voici enfin à Kashgar. Au grand soulagement de Corentin son couteau nous attend gentiment au service postal de la gare. Légère tension quand on apprend qu’en plus de l’envoi il nous faut payer le stockage du colis à la gare…

A Kashgar nous logeons dans la ville historique. Les bâtiments sont en brique ocre et les façades sont décorées de motifs réalisés par le positionnement des briques. L’architecture n’a plus rien à voir avec la Chine, on se croirait presque au Maroc. Seuls rappels du pays, les quelques centaines de drapeaux Chinois qui ornent  absolument toutes la façades du vieux centre, et la statue de Mao située hors de l’enceinte. Les ouighours sont gentils et souriants mais on ne peut pas en dire autant des officiers chinois qui les contrôlent. En gros à chaque gros croisement il y a des officiers qui contrôlent «  aléatoirement  » tous les ouighours et seulement eux. On croise également des sortes de milices qui déambulent dans la ville avec des matraques . Mais à part ça le climat est détente. Sur 5 jours on n’est presque pas sorti du vieux centre qui offre un joli cadre propice à la déambulation. Seule aventure notoire :le marché aux animaux haut en couleurs et en odeurs (dont un petit bœuf de 300 kg qui nous a foncé dessus, on rigole on rigole mais on faisait pas les marioles hein).

On a aussi passé du temps à collecter des informations pour notre passage au Kirghizistan. Le bus direct a été supprimé et les infos trouvées laissaient entrevoir un bon gros plan galère de plus pour notre collection. On n’a pas trouvé grand-chose et on est parti de bonne heure vers l’inconnu un matin de septembre.

Arrivés en train de  Mongolie – repartis à pieds vers le Kirghizistan