Résumé de l’épisode précédent : Bloqués au sud de l’équateur pour cause de caprice météorologique, on se résigne à faire une croix sur le nord du Pérou.

Notre itinéraire est le suivant: Lima> Cusco (Machu Picchu – Maras) > Puno >(Train Andean Explorer)> Arequipa (Canyon de Colca) > Puno (Llachon , Uros, Taquile)

[Toutes les photos par là]

Lima

On prend donc un bus de nuit qui relie Cuenca à Piura, ville péruvienne accessible par la route et disposant d’une liaison aérienne avec Lima. Un petit passage de frontière à 3h du matin, ça ne se refuse pas. Heureusement, notre chance tourne puisqu’on arrive à avancer notre vol de 4h grâce à un compréhensif employé de Latam. On arrive donc tôt à Lima, le temps de poser nos valise dans notre superbe hacienda baroque où résonnent paons et perroquets (c’est pas une blague), on part le long du fleuve s’envoyer un ceviche de langouste à tomber. Ici les aliments de sont pas saisis dans l’eau bouillante avant d’être servis en ceviche comme en équateur, ce qui leur donne un côté tendre exquis. Lima n’est pas aussi moche que ce qu’on nous avait dit. Le centre historique colonial est même sympathique à parcourir. On verra la relève de la garde, haute en couleurs puisqu’il s’agit d’une fanfare qui joue tout sauf des airs militaires (personne n’échappe au Condor Pasa…) au rythme des lancés de jambes des gardes-gymnastes qui font preuve d’une souplesse remarquable. Le musée Larco est un incontournable pour qui s’intéresse à l’histoire et la culture précolombienne, on en ressortira impressionné par la qualité de l’exposition et encore plus par la quantité de ces mêmes pièces dans la réserve : du sol au plafond dans un dédale d’étagère pleines à craquer, les mecs rigolent pas quand ils prévoient des pièces de rechange.

Cusco

Cusco, ça se mérite, beaucoup même, 21h de bus pour être précis. La ville est superbe et on s’y sent vite bien. Comme chacun sait, Cusco est la capitale du royaume de l’Inca et fut donc pour cette raison complètement détruite lors de l’invasion espagnole. Détruite ? pas tout à fait, la cité actuelle se situe en fait SUR son ainée et les murs de pierre colossales si bien ajustés des anciens palais incas servent maintenant de fondation aux cathédrales et autres bâtiments qui les ont remplacés. Cependant, il sera impossible d’effectuer des fouilles et de mettre à jour cette belle ensevelie  car sa remplaçante est classée au patrimoine de l’UNESCO. Cusco est surtout pour nous une bonne base pour rayonner sur les différents sites d’intérêt de la région. Après avoir fait jouer la concurrence sur les prix des excursions, on se fixe enfin .

Machu Picchu

Départ à 7h, et on attend sur le trottoir… en fait les agences ne réservent pas un minibus elles même mais font appel à des soutraitants et le notre n’est pas le plus efficace, on gagne donc une heure de non-sommeil, youpi. 7h de bus direction Hydroelectrica (oui, c’est à côté de la station hydroélectrique). Le voyage se divise en 3 parties. Une section sur route relativement plate au milieu de vallées magnifiques, une section toute en lacet dans une vallée immense aux couleurs noire et verte et le meilleur pour la fin, une piste à flanc de colline, avec vue rassurante sur ravin à chaque virage un peu trop serré (tous donc). A peine sortis du minibus, on se met en marche pour Aguas Calientes («  eau chaude  », la coca ne doit pas être source d’inspiration), 2h en suivant une voie de chemin de fer le long d’un fleuve en pleine jungle au milieu des montagne. La marche est plate et ça nous permet d’admirer d’en bas ce qu’on devra gravir le lendemain. On mange et se couche tôt car demain c’est lever à 3h30 pour être les premiers à l’entrée du parc du Machu Picchu ! On arrive donc avec notre frontale et on est dans les 50 premiers. 5h, le parc ouvre et c’est la ruée vers le sommet, on entonne une bonne marche forcée la fleur au fusil en se disant «  ah, c’est juste ça le Machu Picchu ? mais ça monte tout doucement, je ne vois pas pourquoi tout le monde en fait un plat…  » Oh si on voit… si les premiers lacets sont assez simples et permettent de garder un rythme soutenu, les suivants sont des marches de pierre irrégulières qui cassent les jambes la cadence et le souffle. Tout ça dans une humidité ambiante quasi gênante. On finit en 57mn (oui c’est important) en se classant pas trop mal parmi les derniers sportifs. Et, ho joie, on est arrivé juste après le premier bus d’Aguas Calientes… transpirants et dégoutés. On se presse en haut et on admire. Notre poisse habituelle nous suit et on admire surtout des nuages. Ceux-ci passent paresseusement devant nos yeux et le Machu Picchu se dévoile enfin petit à petit.

C’est un moment magique, quasi mystique avec cette brume qui se répand dans la ville. Mais peu à peu celle-ci se remplit de taches multicolores à la file indienne qui se pressent pour écouter leur guide . Le charme est rompu mais la vue est toujours grandiose. On retrouve le notre, de guide, et on se cultive sous une légère pluie. On se fond dans la masse et on mitraille à tout va, tout est beau et ordonné avec ces terrasses omniprésentes et ces ouvrages de pierres incroyables. La descente est comme d’habitude beaucoup plus rapide mais les pierres glissent beaucoup. On refait le chemin dans le sens inverse pour voir le ciel se dégager et nous réchauffer. 2h de marche puis 7h de bus et on retrouve notre lit à Cusco.

Salines de Maras

Nouvelle excursion qui remplace la montage arc-en-ciel que nous n’avons pas pu faire à cause d’une fièvre de Corentin. Petite balade tranquille avec visite d’une communauté qui nous montre comment ils teignent  et filent la laine. Une étape à Moray, centre supposé de recherche inca pour l’acclimatation des plantes (ce sont des terrasses concentriques qui s’enfoncent dans la terre pour gagner en chaleur) et enfin les salines. Nous sommes dans la vallée sacrée et la vue est à couper le souffle. D’un côté il y a l’immense plateau sur lequel nous roulons et de l’autre un gouffre gigantesque qui débouche sur une chaine de montagne qui dominent le tout. Pérou oblige, les terrasses sont partout. Les Salines se trouvent dans le gouffre et la vue depuis le plateau est à donner le vertige. Ici, au beau milieu de la vallée, se trouve un ruisseau qui puise son sel dans le sous sol et débouche sur les salines mises en place au temps de l’empire inca via un ingénieux système de canaux et rigoles. Rien à voir avec Guérande, ici les salines sont distribuées sur différentes hauteurs. Le sel colore la terre (les lac les rivières) rose qui prend une fine pellicule blanche, contraste étonnant avec la montagne noire en face.

Andean explorer

Ok, oubliez tout. Oubliez Hélène et Corentin qui mangent des pâtes et qui économisent, c’est fini, place au luxe Alfred ! Alors me direz vous, qu’est ce que cet Andean explorer et qu’est ce qui fait qu’il est si cher ? Et nous de vous répondre, cher ami voyons, c’est un train de la branche andine de l’Orient Express, tout le monde sait ça (oui, on est devenu très snob le temps d’une journée, mais pas d’inquiétude, on est TRES vite redescendu sur terre). Départ de Cusco, direction Puno,  10h d’un trajet paresseux qui permet de profiter des paysages magnifiques que nous traversons grâce au wagon de queue qui est panoramique, tout en bois et verre avec chips de patates douces à volonté. Le train est constitué de seulement 4  rames dont deux pour les services techniques et une pour le wagon panoramique. On ne va pas se mentir, on est bien. En plus du paysage qui a lui seul suffit, on aura des démonstrations de chants, danses et vêtements traditionnels propres à nos villes d’arrivée et de départ. Petit repas gastronomique avec du bon vin, confortablement installés dans des fauteuils… des fauteuils hein, pas des sièges SNCF, des fauteuils de salon qui auraient pu appartenir à un club de gentleman anglais, gros confort.  Une heure avant d’arriver à notre destination on traverse la ville de Juliaca, banlieue délabrée en adobe et dont le marché a la bonne idée de se trouver SUR la ligne de chemin de fer que nous empruntons… Bon faut les comprendre, avec deux trains par jour c’est pas non plus frénétique comme trafic. Le train ralentit donc et se comporte comme n’importe quel parisien pressé de renter chez lui : ça klaxonne dur. Les étals se replient devant nos multiples tonnes de métal et on arrive à Puno.

Arequipa et Cayon de Colca

Pour prendre le train, on a du modifier notre itinéraire logique pour un autre avec un retour en arrière pour aller à Arequipa. Une autre ville coloniale de charme au milieux des montagnes. On se repose un peu et on s’organise une randonnée dans le cayon de Colca. Départ à l’aube, et déjà une première pause sur dans une station service : on a un pneu crevé… 30 minutes d’attente où on observera le chauffeur changer la roue, mettre deux écrous sur quatre, faire un tour pour que l’on puisse apprécier le doux chant d’agonie de ces deux écrous, puis remettre les deux autres et on part. On met cet arrêt à profit pour rencontrer un couple de français avec qui on fera toute la randonnée. Petit arrêt vers 9h à La Cruz del Condor, lieux réputé pour la vue sur ces immenses volatiles mais on en verra que 2, de très très loin, pas très concluant. On arrive à la ville de départ et on  commence notre descente. Rien à voir avec le grand cayon, ce n’est pas une faille qui tombe à pic mais on n’en  est pas loin, d’en haut la vue est vertigineuse et on s’engage dans une descente de 3h en plein cagnard.

La vue est superbe et plus on s’enfonce dans le cayon, plus il fait chaud. On marche au milieu des cactus sur un chemin qui ressemble plus à un pierrier qu’autre chose et on arrive en bas, au niveau de la rivière qu’on franchit via un pont. Après ces 1,2km de dénivelé négatif, on doit remonter pour passer par un petit village sur la route de notre hébergement. Ce petit village est une vraie ville fantôme, avec en bonus une grenouillère qui sèche probablement depuis plusieurs années sur un cintre, ambiance glauque au possible. Notre réconfort viendra des piscines d’eau chaude au bord du torrent, pratique pour se laver et se délasser. Le lendemain sera très court et sur le même schéma, on se lève tôt pour éviter le soleil, on monte puis redescend au niveau de la rivière dans une oasis dont les hôtels ont eux aussi des piscines. Sur le chemin on rencontre une jolie troupe composée d’un couple de français qui ont lâché Barcelone pour remonter les Amériques du sud vers le nord en compagnie de leur charmante blondinette de 3 ans. Gros respect pour ces parents baroudeurs qui se partagent un unique sac et le port de la dite blondinette, bien à l’aise sur le dos de ses géniteurs. On arrive à 10h, donc c’est une journée tranquille qui se poursuit. Le lendemain est plus intense car il faut remonter tout en haut du cayon : 1km de dénivelé positif. On part avant le lever du soleil et on profite de la vue imprenable lors de l’ascension pendant laquelle on se fera doubler par des muletiers qui nous proposent des places sur leurs mules vides pour une poignée de Soles, mais où est le sport dans tout cela ? Hélène luttera pour ne pas accepter et on finira en 2h41 (là aussi c’est important). On prend un bus et on rentre.

Puno, les îles Uros et Taquile

Bon, Puno on ne se la cache pas, c’est moche, ça n’a pas beaucoup d’intérêt à part celui d’être sur les rives du lac Titicaca mais pour nous c’est surtout le point de rendez vous qu’on s’est donné depuis un an avec des amis Lillois, Louise et Gauthier, qui font l’Amérique du sud pendant 6 mois. On se retrouve pour manger ensemble dans un restaurant co-tenu par un ancien colocataire d’un collègue de notre amis (vous suivez ?) qui fait une cuisine franco-péruvienne à tomber par terre, et ça nous a fait le plus grand bien. On part en micro bus au milieu des péruviens le lendemain pour se faire une petite randonnée sur une péninsule non loin. 

On passe une super journée en contournant le lac à pied et on s’endort dans une petite maison où le propriétaire possède deux alpagas et une belle vue sur le lac. Nouvelle journée  où on loue un bateau pour qu’il nous amène aux iles Uros. Les iles Uros sont ces fameuses iles en roseau faites de blocs de racines flottants amarrés avec des poteaux et recouverts des dits roseaux qui leur donnent un côté spongieux étonnant. On aura le droit à une explication des habitantes (les hommes pèchent) dans leur habits traditionnels colorés sur la fabrication  de ces iles.  Puis on s’embarque direction Taquile, une vraie ile cette fois, pleine de terrasse et de mecs avec des bonnets bariolés rigolos. Gros coup de cœur pour cette ile ,certes touristique, car elle a su garder son côté authentique.

En effet, nous sommes arrivés un dimanche, jour où les membres du conseil municipal font le compte rendu sur la place centrale en tenue officielle, pour annoncer les travaux effectués et ceux à faire par toute la communauté. Mais dimanche c’était aussi la journée du tournoi de foot. Comme notre hôte jouait dans une des équipes, on a décidé d’aller le supporter. Imaginez la scène : au beau milieu du lac titicaca, les différentes ethnies de Taquile s’affrontent sur un terrain tout sauf plat (pas en pente non plus mais à mi chemin entre un champ labouré et une petite décharge, probablement homologué par la FIFA donc) avec sur le dos des maillots tels que le Real de Madrid, L’équipe nationale du Pérou ( ?!?), Barcelone domicile, Barcelone extérieur (qui comme chacun sait sont deux équipes différentes) ou encore Dortmund… sur le banc une série de Taquiléens en habits traditionnels… et quatre français qui hurlent GOOOOOOOAAAAAAAAAAAALLLL à chaque but tels des commentateurs brésiliens sous cocaïne. L’ambiance est excellente, les supporters locaux rient au larmes avec nous, c’est une excellente après-midi. Après avoir bien supporté les locaux, on se dirige vers un petit terrain en synthétique pour voir si les talents de commentateurs de nos garçons valent leur jeux de pied. Un petit 5v5 s’annonce avec des péruviens tous sourire et le match commence. Hou la mauvaise idée. Après presque deux mois à osciller entre 3 et 4000m d’altitude, on penserait qu’un peu de sport se passerait sans soucis, et bien sachez qu’on s’est planté, et pas qu’un peu. En moins de 5 minutes après 4 accélérations, on crache nos poumons, et nos jambes brulent, on se prend des grands ponts à tout va par des péruviens hilares (et toujours en costume traditionnels…) et on comprend pourquoi les pays d’Amérique du sud ont essayé de faire retirer La Paz des rencontres internationales. La seule parade trouvée sera de se relayer aux cage en toute dignité. On s’endort exténués mais ravis, c’est pas tous les jours qu’on joue au foot à 4000m d’altitude.

Juste avant: l’Équateur – Prochain stop: la Bolivie