On aurait pu venir d’Inde par la route mais après tous nos trajets foireux on a eu la flemme, on avait les moyens de se payer l’avion, on n’a pas hésité. On arrive donc à Katmandu par la voie des airs en franchissant une partie des Himalayas. On y retrouve Ronan un ami d’école de Corentin qui vient de randonner jusqu’au camp de base de l’Everest et s’apprête à nous accompagner autour des Annapurnas. En attendant le 4e larron Olivier, on visite Katmandu.

Notre itinéraire a été le suivant : Katmandu – 7 jours autour des Annapurnas – Pokhara – Katmandu.

[Les photos]

 

Katmandu

Après l’Inde la capitale népalaise nous paraitrait presque reposante. Malgré le tremblement de terre de 2015 l’architecture traditionnelle en briques et bois est encore majoritaire, les rues sont animées voire même surpeuplées dans certaines zones mais il y règne une atmosphère détendue et sereine. La vieille ville et sa multitude de ruelles commerçantes décorées de drapeaux de prières a beaucoup de charme. Ce qui est particulièrement agréable, ce sont les places cachées derrière les rues principales. Il faut être attentif et se glisser dans une faille entre deux immeubles. On arrive alors dans une cour au centre de laquelle trône soit un stupa soit un ensemble de rouleaux de prières. Le lieu est calme, mais vivant, occupé par les habitants qui discutent en surveillant leurs enfants. A l’arrivée d’Olivier on visite le Monkey Temple un énorme stupa doré qui domine la ville depuis sa colline et dont les abords sont peuplés de singes pas farouches mais pas amicaux non plus. On visite aussi la place historique de Durbar square qui a malheureusement été très touchée par le séisme. On devine sa splendeur passée à travers les échafaudages. On fête nos retrouvailles et on prépare le trek.

Les Annapurnas

Katmandu > Besisahar

Le matin du départ pour les Annapurnas moitié de l’équipe est terrassée par une violente tourista qui a ruiné la nuit. Première du voyage pour Hélène (on salue la performance) mais pas des moindres. Les (non moins délicieux) momos de la veille pris dans un bouiboui légèrement excentré ont eu raison d’intestins qui avaient pourtant survécu à 8 mois de voyage et en particulier 1 mois d’Inde…

C’est donc le cœur vaillant et l’estomac platré au riz blanc que nous quittons Katmandu en minibus, aussi sereins qu’on puisse l’être dans une telle situation. La route est longue et chaotique on attrape notre guide en cours de route et on arrive à Besisahar en fin de journée. Nous sommes en fin de saison touristique et Besisahar est un village charnière dans les randonnées de cette région, toutes les auberges sont pleines. A force de porte à porte on finit par trouver asile dans l’arrière cour d’un hôtel qui accepte de nous héberger dans sa salle commune. Le type a l’air carrément louche, la porte ferme à peine il y a 4 matelas miteux par terre… ça fera l’affaire.

Besisahar > Daraphani

On a pris un jour de retard car les élections tombant le jour où l’on prévoyait de partir, tout trafic était interdit dans l’ensemble du pays. On est donc contraints, si Olivier veut avoir son avion à la fin du trek, de rejoindre Daraphani en jeep et ainsi faire 2 étapes en 1 jour. La pire route de tout le voyage ! La route de l’enfer pour aller au Machu Picchu c’était du pipi de chat à côté. On roule à flanc de colline sur une piste «  non damée  » il y a des creux, des bosses, on saute, on se prend le plafond, à chaque virage on voit le vide de très près. Ajoutez à ça la poussière soulevée par chaque véhicule croisé qui emplit l’habitacle. Avec 2 malades sur 4, les 8h furent longues. La jeep nous dépose à 30 min de marche du village. Joie de marcher et de respirer !

Daraphani > Chame

Premier jour de marche, il fait beau, on est encore bas, la vallée est assez boisée. Le dénivelé n’est pas insurmontable, on tient plutôt de la ballade en forêt. Sauf que de chaque côté s’élèvent des sommets à plus de 8000 m. Annapurna, Gangapurna, Machapuchare… On est encerclés de montagnes mythiques. On arrive à Chame en milieu d’après midi, ravis de notre première journée au grand air.

Chame > Pisang

Toujours au fond de notre vallée on monte doucement mais surement. Là encore pas de dénivelé abrupt mais une ascension lente et régulière. Il fait toujours beau, parfois on franchit des rivières sur des ponts suspendus décorés de drapeaux de prières. Pendant une bonne partie de la journée la face droite de la vallée est très lisse, comme un bout d’écorce terrestre qui se serait soulevé puis aurait cassé créant ainsi une arête tranchante… la photo est plus parlante ! Pisang est composé de 2 villages : Upper Pisang et Lower Pisang. Nous dormons dans Lower, et regardons le soleil se coucher sur Upper en nous réchauffant d’un lemon-ginger-tea brûlant ou d’une bière pour les moins frileux. Le rythme des soirées commence à s’installer : Dumbal un jeu de carte (et parfois d’argent) dont les népalais sont friands et auquel Raju nous bat 9 fois sur 10. Diner dal bath ou riz blanc pour les malades. Re Dumbal pour améliorer les statistiques de Raju. Préparation d’une bouteille-bouillotte et au lit. La douche est en option suivant le prix, de préférence avant le coucher du soleil et quand le refuge dispose d’un poêle pour se réchauffer après. Autant dire pas tous les soirs…

Pisang > Manang

Une des plus belles étapes. La végétation se raréfie et, du creux de la vallée, les perspectives sur les sommets environnants sont spectaculaires. Le soleil brille et le ciel est d’un bleu très intense. On croise plusieurs villages. Ici pas de béton, l’architecture traditionnelle en pierre et bois domine encore, les maisons sont compactes avec de petites ouvertures et des toits plats en bois qui accueillent souvent la réserve de bois de chauffage pour l’hiver ou le fourrage pour les chèvres. C’est pratique ça isole. On arrive à Manang dans l’après-midi, assez tôt pour profiter du soleil et de la vue depuis le toit terrasse de notre refuge. Il est tôt, il y a un poêle et la douche est abordable… soirée hygiène !

Manang

Manang est à 3500 m d’altitude. On y passe une journée de repos pour s’acclimater. On fait une marche jusqu’à 4000 histoire d’entrainer nos organes. La colline sur laquelle on grimpe offre une vue magnifique sur Manang, un lac et le Gangapurna. Steack de yack pour prendre des forces !

Manang > Ledar

Quand on part au petit matin les habitants font bruler de l’encens devant chez eux. Le village se réveille doucement dans la brume créant une atmosphère un peu mystique. Cette étape c’est la journée des animaux. On voit un aigle, des chamois et des yacks c’est plus qu’il n’en faut pour nous rendre heureux. Le dénivelé est toujours aussi doux et l’altitude ne se fait pas trop sentir, tout va bien.

Ledar > Thorong Phedi High Camp

La dernière étape avant le franchissement du col de Thorong La. La première partie se passe assez bien, c’est «  Nepali flat  », c’est à dire que comme les jours précédents ça monte doucement mais surement en faux plat. On déjeune au Base camp à 4500m pour prendre des forces avant l’ascension. Repus on s’attaque donc aux 400 m de dénivelé bien raides qui nous séparent de notre lit. On serpente à flanc de montagne, très lentement pour Hélène pour qui l’altitude commence à se faire sentir. Ce dernier bout d’étape en inquiète certaines quant à l’épreuve prévue le lendemain. Une bonne soupe au coin du poêle et on se couche car le réveil est prévu à 4h.

Thorong Phedi High Camp > Muktinath

4h sans surprise ça pique. On englouti un petit dej aussi dégueu que possible à 4900m, un doliprane pour Hélène… et on part à la frontale dans la nuit à 5h direction le col de Thorong La. Bon la frontale d’Hélène est restée dans le désert Ouzbek donc une frontale pour deux c’est pas idéal. Mais franchement à part ça, ça s’est bien passé ! Le doliprane faisant effet personne n’a vraiment souffert de l’altitude, la montée était un peu raide mais régulière. On a atteint le col en 2h30 alors que Raju nous promettait 3-4h ! On pense qu’il était pessimiste à cause de la lenteur d’Hélène mais c’était sans compter sur notre mental d’acier forgé au Huayna Potosi ! Bon quand même les 2h30 ont paru longues surtout qu’on voyait régulièrement le sommet mais ce n’était jamais vraiment le sommet le vrai sommet était toujours caché derrière… 5416m nous voici au col. Il fait gris et il commence à neiger mais le paysage lunaire est impressionnant. On selfise à tout va devant le panneau indiquant l’altitude. On ajoute nos drapeaux de prières à la déco déjà bien chargée. On entame la descente et une inversion des rôles s’opère. Hélène qui était bonne dernière et trainait ses poumons dans la montée se met à gambader comme un cabri alors que Ronan et Olivier qui montaient comme des machines, ont des problèmes de genoux et ménagent leurs articulations. Seul Corentin à l’aise en toutes circonstances suit Hélène tranquillement heureux de ne pas avoir à l’attendre à chaque virage. Pendant la descente la neige s’intensifie et on arrive à Muktinath sous une belle couche blanche. On a eu chaud parce qu’on a appris par la suite que le col a fermé le lendemain. Il nous aurait fallu repartir en arrière et on n’aurait pas rigolé. Heureux de notre accomplissement on se réjouissait de la douche du soir mais l’aubergiste nous explique que la douche est tellement chaude que des clients précédents on fait un malaise. Il nous demande de nous doucher la porte ouverte pour que la buée puisse sortir. A son grand regret on n’a pas du tout respecté la consigne, et de toute façon on a eu de l’eau froide. On se réconforte avec une bière autour d’un grand feu en discutant avec d’autres voyageurs.

 

Muktinath > Pokhara

On a achevé la rando à Muktinath. Avec les chutes de neige on n’était pas surs qu’Olivier ait son avion à Jomsom et ça lui aurait fait rater le vol Katmandou Londres (beaucoup moins rigolo). On trouve donc une jeep que l’on partage avec d’autres voyageurs. Cela nous permet de nous rendre directement à Pokhara. 12h de piste dans les Annapurnas, à la frontière de l’état du Mustang (encore un endroit où il faudra qu’on retourne !) une journée splendide mais très longue. On arrive à Pokhara lessivés, heureux d’avoir atteint notre objectif avant le couvre feu. En effet période électorale oblige, les véhicules n’ont plus le droit de circuler à partir de 21h la veille de l’élection puis toute la journée de l’élection.

Pokhara

Repos est le maitre mot de notre séjour dans la cité lacustre. Il règne ici une sorte de nonchalance hippie, une douceur et lenteur de vivre. On se lève tard, on déjeune en bord de lac et on profite de la vue jusqu’au soir. Depuis les bords du lac ou de notre rooftop on peut admirer une grande partie de la chaine des Annapurnas qui nous entoure. On visite la vieille ville et on bulle. A l’annonce des résultats de l’élection on croise les vainqueurs qui paradent en centre ville. Les communistes et les maoïstes se sont alliés et ont remporté l’élection. Le marteau et la faucille flottent dans les rues c’est un peu perturbant ! On se sépare d’Olivier qui rentre à Londres et de Ronan qui part visiter le Chitwan. On rentre à Katmandou pour continuer notre voyage.

 

Katmandou

De retour à Katmandou il nous reste deux jours avant notre vol. On profite de la vieille ville. On visite Patan, une ancienne capitale royale de la région. Sa place centrale a moins subi les secousses du tremblement de terre et son centre ville plus calme est également bien préservé. On a l’impression de se promener dans une ville d’un autre temps.

On était en Inde – On se dirige vers le Myanmar